Fusion de La Deux et de Pure en Tipik à la RTBF.
Fin août, la RTBF dévoilait sa nouvelle grille pour la rentrée. Une nouveauté a particulièrement attiré l’attention : La Deux et Pure fusionnent pour devenir Tipik, une seule et même marque pour une offre multimédia TV, radio et numérique, dédiée aux jeunes adultes de 25 à 40 ans. Ce nouveau média a donc été lancé le 7 septembre.
Des nouveautés vont apparaître en radio même si celle-ci restera centrée sur la musique, alternant entre nouveautés et morceaux des années 1990 et 2000. Une nouvelle matinale intitulée «Le Réveil de Djé» sera proposée ainsi que de nouvelles émissions en soirée.
La grille télévisée sera également revue avec de nouveaux programmes destinés à son public cible. Les incontournables de La Deux restent en
place: «La Tribune» – «Le Grand Cactus», etc. Des programmes inédits feront aussi leur apparition : «L’Escape Show», «Stress en cuisine» ou encore «The love Experiment».
Le numérique est au cœur de cette nouvelle offre, avec une page unique par réseau social, où on pourra retrouver le meilleur des contenus radio et TV de Tipik, mais aussi du contenu spécifique pensé pour Facebook, Instagram et YouTube. Auvio aura aussi droit à du contenu exclusif, en plus d’accueillir les émissions TV et radio.
Il s’agit de concrétiser la stratégie 360° lancée par la RTBF en 2018. Le cross-médias est maintenant au cœur de l’ADN du service public.
L’objectif est de viser quatre publics différents. Je me réjouis de l’intelligence de cette architecture bien pensée. On espère que la sauce prendra.
Une polémique est néanmoins apparue d’emblée étant donné qu’une agence de communication dénommée Tipik, basée à Bruxelles et dont la marque est déposée, s’est insurgée sur les réseaux sociaux. L’agence s’est dite surprise de voir la RTBF utiliser son nom et sa marque et a indiqué vouloir agir face à cette situation. Pour se défendre, la RTBF pointe le fait que les domaines d’activité de l’agence et du service public ne sont pas du tout les mêmes et que des différences visuelles importantes existent également entre les deux Tipik.
Quelles sont les raisons qui ont motivé cette réorganisation, notamment en regard des missions de service public du contrat de gestion de la RTBF?
Il ne nous appartient évidemment pas de nous immiscer dans la politique éditoriale de la RTBF. Néanmoins, notre rôle est de veiller à ce que les
missions de service public définies dans le contrat de gestion soient respectées. Sera-ce le cas?
Avons-nous des informations au sujet de l’impact budgétaire de cette réorganisation? La RTBF est désormais privée d’une partie de ses recettes publicitaires, d’une part, parce que le marché est en berne – les annonceurs sont moins au rendez-vous – et, d’autre part, parce que le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a décidé de réduire la pression publicitaire, ce dont je me félicite. On peut donc légitimement s’interroger sur les conséquences budgétaires de cette initiative.
Enfin, une collaboration est-elle envisagée entre Tipik et Tarmac, le média radio/télé/internet de la RTBF portant sur la culture urbaine, qui a été créé en 2017 et qui s’adresse aux jeunes? La coexistence des deux médias pose question. On peut se demander si à force de vouloir courir trop de lièvres, la RTBF ne se disperse pas un petit peu, avec la crainte de la voir réclamer auprès des autorités publiques des recettes supplémentaires.
Pour finir, qu’en est-il aujourd’hui de cette polémique autour de la marque déposée «Tipik»? Une solution a-t-elle été trouvée à l’amiable entre la RTBF et l’agence de communication?
J’ai donc interrogé la Ministre Bénédicte Linard afin d’en savoir plus sur le sujet. Voici sa réponse:
Le monde des médias est à un tournant. Le public en général – et les jeunes en particulier – ne consomme plus les médias comme on le faisait encore il y a 10 ou 20 ans. Les médias linéaires (télévision, radio) doivent se réinventer pour trouver de nouvelles manières d’exister auprès de ce public. Et c’est d’autant plus vrai pour les médias qui ont des missions de service public. Avec Tipik, la RTBF veut proposer une offre transversale numérique/radio/TV à des personnes qui sont actuellement moins en contact avec les médias traditionnels. Ces personnes ont un usage numérique très marqué: elles se tournent principalement vers les réseaux sociaux, les plateformes de streaming et de contenus en ligne.
Ce n’est pas la première fois que la RTBF innove en ce sens. Elle a en effet déjà lancé Tarmac, en 2017, un média numérique couvrant la culture urbaine. L’offre de Tarmac s’adresse à un public entre 16 et 24 ans, alors que l’offre Tipik s’adresse aux 25-39 ans. Il s’agit donc de deux médias distincts, mais rien n’empêche évidemment que des synergies, des émissions communes, aient lieu.
Selon les prévisions de la RTBF, regrouper la radio Pure, la chaîne télé La Deux et un contenu numérique sous une marque unique permettra de rendre cette offre globale plus visible auprès du public cible. Par exemple, pour améliorer l’accessibilité de l’offre au public, il n’y aura plus qu’un seul compte Instagram, celui de Tipik, plutôt qu’un compte pour la radio et un autre pour la télé. C’est plus pratique.
La RTBF n’a pas communiqué de données financières concernant le coût de cette réorganisation.
Je ne peux que me réjouir du fait que la RTBF semble développer de nouvelles idées pour innover, évoluer et tenter de capter un public plus
jeune. Tipik lui permet de remplir activement sa mission de s’adresser à tous les publics, quels que soient les contenus. Je ne doute pas qu’elle permettra aussi de remplir les missions de service public en matière d’information, de développement culturel et de divertissement notamment.
Je remercie Madame la Ministre pour sa réponse.
Oui, la RTBF remplit totalement son rôle en s’adaptant aux nouveaux modes de consommation de la jeune génération. Mon fils de 19 ans, par exemple, ne regarde jamais la télé et n’écoute jamais la radio. En revanche, il «consomme» des programmes sur d’autres plateformes. Capter le public plus jeune, c’est une nécessité absolue. Si la RTBF ne s’adaptait pas aux nouveaux modes de consommation, elle risquait tout simplement à terme d’être menacée. On applaudit donc le dynamisme et la créativité de la RTBF. Je regrette malgré tout de ne pas disposer d’informations financières. On souhaite en tout cas bon vent à cette nouvelle offre de médias.
Voici la vidéo de mon intervention.