LES VOITURES CONNECTÉES ET LES RISQUES POUR LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE
De plus en plus de voitures sont aujourd’hui connectées. Leur nombre devrait d’ailleurs plus que doubler en cinq ans. À ce jour, selon les enquêtes, 54 % des acheteurs sont tentés par l’acquisition d’un véhicule connecté.
Pour faire simple, une voiture connectée est une voiture reliée à Internet. Cela permet de nombreuses fonctionnalités : connecter son smartphone à la voiture, avoir la possibilité de bénéficier de cartes routières transmises en direct et d’alerte automatique vers les services d’urgence en cas d’accident, et cetera.
Au niveau de la conduite, les assistances sont aussi de plus en plus nombreuses avec des régulateurs de vitesse, des détecteurs d’obstacles – par exemple, la présence de piétons et le franchissement de lignes blanches continues – ou des technologies permettant de se garer sans toucher le volant .
Des évolutions qui s’enchaînent et qui laissent entrevoir, dans un futur plus ou moins proche l’apparition de voitures autonomes. Toutefois, le manque de sécurité de ces technologies est de plus en plus pointé du doigt. Tout d’abord, avec toutes ces assistances, le conducteur a de moins en moins de contrôle sur son véhicule et son attention peut être relâchée. Deuxièmement, Test-Achats, en collaboration avec d’autres associations de consommateurs, a récemment testé deux véhicules connectés avec des résultats inquiétants : un pirate peut facilement allumer un moteur à distance, voire même désactiver les freins ou prendre le contrôle du volant d’un véhicule avec les conséquences dramatiques que l’on imagine.
Bref, ces voitures qui sont de plus en plus connectées sont de plus en plus fragiles.
Le nombre de voitures connectées augmentant progressivement, ne serait-il pas judicieux pour la Région wallonne de sensibiliser les utilisateurs aux risques de ces technologies ? On a tendance peut-être à les voir trop comme étant un progrès, ce qu’elles sont, effectivement, mais il y a aussi des risques. La perspective de voir sur nos routes des voitures autonomes nécessitant de moins en moins l’attention du conducteur n’est-elle pas un risque pour la sécurité routière ? De manière générale, quels risques principaux peuvent être identifiés pour la sécurité routière ? Quelles adaptations devraient être faites par la Région wallonne, dans ses compétences, pour se préparer à l’arrivée, pas si lointaine que cela, de ces nouvelles technologies automobiles ?
Voici la réponse de la Ministre Valérie De Bue à mes questions :
L’erreur est humaine. C’est pourquoi une automatisation contribue à atteindre une meilleure exécution des tâches assez répétitives. C’est le cas dans le milieu industriel, mais également dans le milieu du transport. Le haut niveau d’automatisation du transport aérien, par exemple, contribue à son haut niveau de sécurité.
Rappelons que le facteur du comportement du conducteur contribue à plus de 90 % des accidents de la route. Une distraction ou un petit moment d’inattention peuvent avoir de lourdes conséquences. Plutôt que de représenter un risque supplémentaire, l’automatisation de la conduite d’un véhicule devrait plutôt contribuer à améliorer grandement la sécurité routière.
Le développement des véhicules connectés et autonomes pose en effet des questions et représente encore des défis pour le milieu de la mobilité et de la sécurité routière. Cependant, ces véhicules vont, à terme, révolutionner la façon dont on se déplace et changer la donne en matière de sécurité routière. Où en est-on actuellement dans l’avancée des technologies ? Les niveaux d’autonomie des véhicules sont généralement classés de zéro, c’est-à-dire aucune automatisation, à 5, c’est-à-dire la conduite complètement autonome sans l’aide de conducteur dans toutes les circonstances. Sur le marché, il existe actuellement uniquement des véhicules jusqu’au niveau 2. Dans cette catégorie sont classés les véhicules dans lesquelles le conducteur profite d’une assistance pour certaines tâches tout en gardant l’entière maîtrise du véhicule.
Le passage à un niveau supplémentaire, où le conducteur pourrait entièrement déléguer certaines tâches dans certaines conditions, par exemple sur autoroute, représente un saut qualitatif important et la commercialisation de tels véhicules n’est pas encore à l’ordre du jour. Il y a beaucoup d’incertitudes concernant le calendrier futur, mais on estime encore nécessaire un délai de 5 à 10 ans pour obtenir des voitures vraiment autonomes qui pourront circuler sur la voie publique en dehors des tests et essais préalablement nécessaires.
La législation concernant les systèmes d’aide à la conduite et d’automatisation des véhicules dépend du niveau international. La législation se prête déjà dans une large mesure à la mise sur le marché de véhicules automatisés et connectés. Dans la déclaration d’Amsterdam de 2016, les États membres ont appelé la Commission européenne à développer une stratégie européenne partagée concernant la conduite automatisée et connectée, à réexaminer et, si nécessaire, à adapter le cadre réglementaire de l’Union européenne ainsi qu’à développer une approche coordonnée de la recherche. La Belgique intervient donc dans ces instances et la Wallonie est prête à accueillir des projets d’essai pour contribuer au déploiement en sécurité des véhicules connectés et autonomes.
Résolument, je perçois les véhicules automatisés comme une opportunité d’améliorer la circulation et la sécurité routière plutôt que comme un danger supplémentaire. Bien sûr, les concepteurs des systèmes devront travailler sur les aspects de sécurité informatique des systèmes afin d’éviter notamment des interventions extérieures frauduleuses. De plus, la mise au point de pareille technologie nécessite d’acquérir de l’expérience en conditions réelles sur les routes publiques. Afin d’encadrer ces expérimentations, un Code de bonnes pratiques détaillant de nombreuses recommandations pour les organismes qui souhaitent effectuer des tests en Belgique avec un chauffeur ou un opérateur à bord a été adopté en 2016.
En Wallonie, l’administration participe activement aux expériences de véhicules autonomes menées à Han-sur-Lesse et à Waterloo notamment, et ce pour ce qui concerne la compatibilité de la signalisation et des infrastructures aux exigences des tests. Différents points ont été étudiés : la priorité aux carrefours, l’organisation du stationnement, les signaux de préavis pour la présence de navettes autonomes, le régime de vitesse, les arrêts d’embarquement et de débarquement, le trajet du véhicule, les zones de manœuvre, et cetera.
Nous travaillons pour que le développement technologique contribue à un avenir meilleur et à une meilleure sécurité sur la voie publique.
Je remercie Madame la Ministre pour sa réponse si bien détaillée.
Les chiffres sont là. D’ici 2023, 775 millions de véhicules privés seront connectés contre 330 millions en 2018 ; le développement est faramineux. À mesure que nos voitures deviennent de véritables ordinateurs, le risque de piratage grandit. Ce n’est pas une menace qui tiendrait de la science-fiction, puisque récemment des hackers sont parvenus à prendre le contrôle du volant d’une voiture à distance ; ce qui a obligé le fabricant à rappeler plus d’un million de véhicules, 1,4 million de véhicules ont dû être rappelés. Il y a certainement, et j’en suis persuadé, des avantages, mais il y a quand même des risques. Il y a ce risque de piratage et le risque de se dire que de toute façon la voiture sera là pour rattraper mes erreurs. Sans doute, mais il ne faut peut-être pas trop faire confiance à la technologie.