RELANCE DU TOURISME EN WALLONIE : faisons d’une contrainte une opportunité !

Cette semaine en commission, j’ai posé 2 questions étroitement liées à la Ministre du Tourisme Valérie De Bue.

La première sur un secteur très porteur du tourisme wallon, à savoir les parcs de loisirs. Ils sont à l’arrêt depuis le début du confinement. Toutefois, le Conseil national de sécurité a donné son feu vert pour la réouverture des parcs animaliers le 18 mai. Pairi Daiza, le parc animalier des Grottes de Han ou encore le Monde sauvage d’Aywaille peuvent ainsi à nouveau accueillir les visiteurs moyennant des aménagements spécifiques. Il y a quelques jours, Madame la Ministre, vous vous êtes notamment rendue à Pairi Daiza afin d’en vérifier la bonne mise en œuvre. Pourriez-vous nous en faire un petit compte rendu ? Si les parcs animaliers ont retrouvé le sourire, les parcs d’attractions, eux, en sont bien loin. Pas de réouverture annoncée dans l’immédiat. On sait que la prochaine étape du déconfinement est annoncée pour le 4 juin prochain. Les gestionnaires de ces différents parcs d’attractions attendent avec impatience une décision favorable. Belgoparcs, l’association des parcs d’attractions belges a pris des initiatives en établissant toute une série de mesures afin d’assurer la sécurité des visiteurs en cas de réouverture, comme, par exemple, la limitation du nombre de visiteurs, des tickets qui sont datés ou encore des marquages au sol.

Les parcs d’attractions sont un gisement très important d’emplois saisonniers. Ils pourraient bien devoir renoncer à engager si leurs portes restent closes. Leurs pertes sont colossales. Je pense par exemple à Walibi, dans ma région. Pourriez-vous faire le point sur les perspectives de réouverture et sur les contacts que vous avez avec les membres du Conseil national de sécurité ? Êtes-vous en mesure de nous indiquer les mesures concrètes qui pourraient être prises pour soutenir les parcs de loisirs wallons ? Des aides spécifiques pourraient-elles être envisagées ? Enfin, la campagne de promotion du tourisme wallon, qui est en préparation, englobera-t-elle les parcs de loisirs ?

Ma deuxième question porte sur les résultats de l’étude visant à préparer la relance du tourisme en Wallonie. Dans la perspective de l’élaboration d’un plan de relance pour le tourisme wallon, un sondage a été réalisé récemment auprès de 3 000 personnes. La cible, ce sont des Belges, francophones et Flamands, des Français et des Hollandais, à qui l’on a demandé où ils comptaient partir en vacances avant la crise et comment ils envisagent les choses aujourd’hui. Différents enseignements ressortent de ce sondage :

• 53 % des sondés ont décidé de ne pas partir en vacances cette année, car ils pensent que l’épidémie et le confinement ne seront pas complètement terminés ;
• La sécurité est devenue le premier critère de choix pour 60 % des vacanciers ;
• Un tiers compte rester dans un rayon de maximum 200 kilomètres ;
• Ils sont une majorité à vouloir faire du tourisme chez eux, notamment pour soutenir l’économie locale ;
• Deux belges sur trois opteront pour une destination plus proche que d’habitude.

C’est là que vient la bonne nouvelle : avant la crise du COVID, seuls 9 % des Belges avaient planifié un séjour en Wallonie. Après la crise sanitaire, ils sont désormais 27 %. Si l’on inclut les réponses des Hollandais et des Français, on arrive à 18 % de personnes interrogées qui choisiraient volontiers notre Région. Un dernier chiffre encourageant : 91 % des personnes interrogées qui sont déjà venues en Wallonie déclarent vouloir y revenir.

Ces différents enseignements constituent une chance pour le tourisme wallon. Notre Région a, de toute évidence, une excellente carte à jouer en cette période troublée, qui bouscule en quelque sorte le traditionnel top 3 des destinations favorites des vacanciers, à savoir la France, l’Espagne ou encore la Turquie. Madame la Ministre, faisons d’une contrainte une opportunité ! Quelles conclusions tirez-vous de ce sondage et de ses résultats ? Vous avez mis en place un groupe de travail qui se réunit plusieurs fois par semaine pour élaborer une stratégie de relance du tourisme wallon. Tous les acteurs concernés y collaborent, paraît-il, très activement. Où en sont les travaux ? Ils sont sur le point d’aboutir puisque vous avez annoncé une stratégie pour la fin du mois de mai. Comment envisagez-vous les axes principaux de ce plan de relance à la lumière des résultats de ce très intéressant sondage ?

Voici la réponse de la Ministre Valérie De Bue :

Je peux vous confirmer que le travail du groupe de relance avance très bien et l’ensemble de vos questions me permet de vous faire un point global. Pour rappel, le groupe relance du tourisme wallon est unique et est constitué comme suit :

• Un comité de pilotage est composé du CGT, de WBT et de mes collaborateurs ;
• Une équipe d’experts du secteur composé de l’ensemble des associations du tourisme ;
• Des Fédérations touristiques et des représentants des Maisons du Tourisme. Les associations, les fédérations touristiques et les Maisons du tourisme ont chacune leur rôle à jouer dans le cadre de la relance.

Tous se joignent avec ces deux objectifs en vue :

• Faire remonter l’ensemble des demandes du secteur ;
• Construire les outils permettant de répondre aux demandes du secteur.

Les demandes du secteur portaient sur différentes catégories d’actions, je vais aborder trois thèmes :

• Les actions liées à la période du déconfinement qui est fondamental et qui est en cours ;
• Les actions liées au soutien des opérateurs touristiques durant la crise;
• Les actions liées au lancement de la saison touristique 2020.

Je conclurai par quelques mots sur la relance globale dans laquelle, bien sûr, le tourisme a une place fondamentale. En ce qui concerne les actions liées à la période de déconfinement, ce lundi 18 mai, différents opérateurs ont pu ouvrir leurs portes : – les infrastructures d’intérêt culturel : les musées, les châteaux et citadelles, les demeures et monuments historiques ; – les infrastructures d’intérêt naturel : les jardins, les parcs et réserves naturelles, les zoos et parcs animaliers. Par contre, les activités récréatives, dont les parcs « aventure » restent, quant à elles, toujours interdites. Nous avons travaillé avec les différents secteurs à proposer des mesures de déconfinement au groupe d’experts, le GEES, qui fait des propositions au CNS. Nous avons eu des contacts avec les différentes instances du Gouvernement fédéral pour leur démontrer la maturité du secteur et les engagements que celui-ci prenait pour la sécurité sanitaire de nos citoyens. Ce travail continue pour les opérateurs qui ne peuvent pas encore ouvrir leur établissement. Dans ce cadre, nous travaillons de concert avec les autres régions et communautés du pays : la Région flamande, la Région bruxelloise et la Communauté germanophone. Nous souhaitons établir une position commune pour ouvrir un espace de dialogue avec le GEES dans ce sens. Ces contacts sont prévus dans les prochains jours.

Concernant les hébergements touristiques et les résidences secondaires, les propriétaires de seconde résidence ne comprennent pas le maintien de l’interdiction d’accéder à leur bien. Je comprends leurs interrogations et, en l’absence d’explications, je partage leur incompréhension. Il est souhaitable que le CNS apporte des perspectives claires le plus rapidement possible pour les résidences secondaires, tout comme pour les responsables de gîtes et d’infrastructures récréatives. Je suis bien entendu très active afin d’alimenter au mieux les experts et mettre en avant les propositions faites avec le secteur. Les services annexes des différents établissements touristiques tels que les salles de réunion, les piscines, les restaurants font également l’objet d’une grande attention. Ceux-ci restent des points très sensibles dans la gestion de la crise sanitaire, notamment en lien avec les normes prévues pour le rassemblement des personnes. Si nous avons fait des propositions, c’est le CNS qui doit se positionner sur les ouvertures potentielles et les normes à respecter. Les infrastructures qui sont ouvertes depuis hier, tout ce qui touche à l’HORECA et aux plaines de jeux reste fermé. Un guide sanitaire a été mis en ligne hier sur le site du CGT. Il est, pour l’instant, uniquement à destination des opérateurs dont l’ouverture est autorisée par le CNS. Il sera complété au fur et à mesure des décisions du CNS pour les autres secteurs tels que l’hébergement. Il est concerté avec les associations. Il se veut pratique et orienté usagers afin de faciliter la gestion sanitaire pour les opérateurs touristiques.

En ce qui concerne les actions liées au soutien des opérateurs touristiques durant la crise, différentes mesures de soutien sont en construction et seront présentées dans les tout prochains jours au Gouvernement wallon. Ces mesures seront accessibles à différents secteurs, mais aucune différenciation ne sera faite sur base de la localisation géographique.

En ce qui concerne les actions liées au lancement de la saison touristique 2020, elles sont principalement centrées sur la communication. Dès le début de la crise, il a été essentiel de connaitre les attentes des touristes et le changement de leurs comportements après la crise. Il apparaît qu‘un quart des sondés choisissent la Wallonie comme destination pour cet été. Les indécis souhaitent privilégier une destination plus proche, voire très proche. Les activités les plus plébiscitées sont les promenades, les visites de villes et villages et les visites des sites naturels. De plus, la notoriété de la Wallonie est très satisfaisante puisqu’elle présente une cote de 7,4/10. Le sondage évoqué par M. Maroy a vraiment bien résumé les grands enseignements – nous a permis de cibler les publics cibles, les besoins et les attentes des touristes et c’est à partir de ce sondage que l’on est en train de construire la stratégie de communication. L’objectif est de donner une image positive et large de la Wallonie qui puisse profiter tant au secteur du tourisme qu’aux autres secteurs touchés par la crise, à savoir les commerces et les producteurs locaux, mais bien d’autres aussi. Elle doit donner envie au touriste de visiter la Wallonie mais également le rassurer. Elle doit lui laisser entrevoir l’ensemble des possibilités qui s’offrent à lui : visiter une attraction, un musée, prolonger son séjour dans un hébergement, manger un bout, faire du shopping. Dans un premier temps, la campagne se concentrera sur le territoire belge. En fonction de l’ouverture des frontières, plusieurs scénarios ont été prévus pour une extension de la campagne. Cette campagne de communication sera celle de tous les opérateurs touristiques. Un kit « communication » sera mis à leur disposition pour qu’ils puissent se l’approprier et également créer leurs propres supports. C’est donc une image unie du tourisme wallon que nous souhaitons montrer. Des contacts vraiment très étroits ont également lieu avec les organes de promotion. Le pass tourisme est toujours à l’analyse. J’ai confié la tâche aux fédérations touristiques. Celles-ci me feront leurs propositions dans les prochains jours. Sur cette base, je pourrai voir si une généralisation sur le territoire de la Wallonie peut être faite. Pour la mise en œuvre de ce pass, les fédérations touristiques seront les relais principaux. Je souhaite également intégrer l’AWaP qui est proactive et qui participe aussi à la relance du tourisme, puisque la promotion du patrimoine est aussi un des atouts précieux de l’offre touristique.

En conclusion, je voudrais insister aussi sur la relance. Dans le contexte de la politique de relance de la Wallonie et du travail mené dans le cadre de Get up Wallonia, je souhaite également prendre des mesures structurantes pour accompagner et redynamiser le tourisme en portant une attention particulière à la pérennisation des structures et des emplois, mais aussi à renforcer cet écosystème qui est tout ce qui participe à la dynamique du tourisme, qui concerne également la culture, les loisirs, le commerce, les circuits courts, donc aussi la promotion de notre agriculture. Il est clair que ces mesures de relance auront un coût. Nous examinerons avec l’ensemble du Gouvernement la possibilité de faire appel au Fonds européen évoqué récemment et qui sera présenté concrètement par la Commission européenne le 27 mai prochain. En ce qui concerne la fin de l’année 2020 et l’année 2021, le plan se construit petit à petit, il faut déjà voir plus loin et anticiper 2021. L’objectif est que les actions mises en place cette année soient de véritables tremplins pour la saison prochaine.

Je remercie Mme la Ministre pour ses réponses. Sur la relance du tourisme, je crois vraiment que c’est une opportunité en or massif. Il faut faire d’une contrainte une opportunité. Je vois que la ministre Valérie De Bue a pris les choses en main et je veux vraiment saluer la façon dont elle a travaillé et dont elle travaille encore, en associant tous les acteurs du secteur. Il aura fallu une crise pour que, enfin, ils apprennent à travailler ensemble. En effet, ce qui manque en Wallonie au niveau touristique, c’est de fédérer les gens, c’est de proposer des programmes, des packages complets. Il faut associer évidemment le tourisme à la gastronomie, cela se fait déjà, mais il faut l’associer aussi à la culture, il faut briser les murs. Cela se fait dans plein de pays voisins, il est temps que cela se fasse chez nous, Wallons, afin qu’il y ait un peu plus de « solidarité » et un peu moins d’individualisme.