Quand le cinéma Belge s’invite chez vous !
Dès l’annonce par le gouvernement fédéral de la fermeture des salles de cinéma, les distributeurs de films belges ont dû se réorganiser. Si les sorties en salle ont été immédiatement annulées et reportées, la solution de la vidéo à la demande (VOD) s’est rapidement imposée pour certains. Des producteurs et distributeurs indépendants ont alors signé des accords avec les principales plateformes de VOD belge (VOO, Proximus Pickx, Universciné.be, etc.) pour que les films qui devaient sortir au cinéma ou qui étaient en salles au moment du lockdown soient rendus disponibles sur ces plateformes. Concrètement, chaque film est proposé en téléchargement légal moyennant le paiement de quelques euros. Cette rentrée d’argent pour les producteurs et distributeurs ne compense évidemment pas entièrement les pertes dues à la fermeture des cinémas mais amène toutefois une rentrée financière bienvenue. Ces films viennent compléter l’offre déjà existante sur la plateforme Uncut, la nouvelle plateforme belge du cinéma indépendant. Arrivée sur le marché en 2018, elle fonctionne sur le modèle de Netflix avec un abonnement mensuel permettant de visionner les films de son catalogue. Les films visibles sur Uncut ne sont donc pas accessibles à la pièce comme sur Universciné. C’est ce que l’on appelle le Subscription video on demand (SVoD), la vidéo à la demande et par abonnement. Précisons qu’Uncut a pour objectif de mettre en valeur des films indépendants belges, et aussi plus généralement européens, des films de qualité comme ceux des frères Dardenne ou de Bouli Lanners qui occupent une place de choix sur cette plateforme. Comme le dit le dicton, «le malheur des uns fait le bonheur des autres»: si le confinement a plongé des milliers d’acteurs économiques dans le désarroi, pour le secteur de la VOD et SVoD, en revanche, engouement rime avec confinement. Selon une enquête réalisée chez nos voisins français, depuis le début du confinement, le nombre d’abonnés aux plateformes de streaming a grimpé de 10 % et Netflix fait carrément un bond de plus de 20 %. Conséquence logique de ce nouvel engouement, les téléchargements illégaux sur internet ont baissé.
Je suis intervenu en commission afin d’en savoir un peu plus sur la vidéo à la demande.
La Fédération Wallonie-Bruxelles soutient-elle actuellement les plateformes belges de VOD, comme Uncut ou Univerciné, qui mettent en valeur les films belges et des films d’auteur ? Ces deux plateformes ont récemment annoncé leur prochaine fusion sous la dénomination «Sooner». Disposez-vous de données chiffrées concernant le nombre d’abonnés aux plateformes VOD et SVoD en Fédération Wallonie-Bruxelles ? Remarque-t-on chez nous aussi une diminution des téléchargements illégaux ? La directrice générale adjointe du Centre du cinéma et de l’audiovisuel (CCA) de la Fédération Wallonie-Bruxelles a annoncé le lancement d’une campagne média pour faire vivre les films belges en période de confinement. Cette campagne a-t-elle été lancée ? Si oui, quel bilan en tirez-vous ? Envisagez-vous d’autres initiatives afin de soutenir les films belges en cette période particulièrement difficile ? Plus généralement, au-delà de la crise que nous traversons, comment voyez-vous l’évolution du secteur de la VOD et SVoD et faut-il craindre qu’il finisse, à terme, par phagocyter le secteur des salles de cinéma ? Selon vous ces deux secteurs sont-ils opposés ou complémentaires pour la diffusion des films ?
Voici les réponses de la Ministre Bénédicte Linard à mes questions :
Je voudrais d’abord profiter de votre question pour saluer le Centre du cinéma et de l’audiovisuel (CCA) qui, depuis le début de la crise, a travaillé d’arrachepied pour trouver des solutions afin de limiter au mieux l’impact de la crise dans le secteur du cinéma. La Fédération Wallonie-Bruxelles soutient, depuis sa création, la plateforme web consacrée au cinéma indépendant, «UniversCiné», dont «UnCut» est la version par abonnement. Le soutien annuel s’élève à 60 000 euros. Les autres plateformes belges, Voo et Proximus, contribuent au financement des films produits par des producteurs de la Fédération, ce qui inclut des films belges et étrangers, en vertu du décret coordonné de la Communauté française du 26 mars 2009 sur les services de médias audiovisuels (décret «SMA»). Je ne pense pas qu’il faille opposer cinéma et vidéos à la demande. Ces modes de diffusion sont étroitement liés. Il apparaît toujours clairement que la salle de cinéma est le tremplin idéal pour le démarrage de la carrière d’un film. Mais la vidéo à la demande est, ensuite, un complément adéquat : elle permet de poursuivre l’exploitation d’un film au profit de publics qui n’ont pas pu accéder aux salles au moment de la sortie du film ou que le cinéma parvient à atteindre plus difficilement. Il est difficile de connaître les chiffres de fréquentation des plateformes VOD, mais les échos récents que nous en avons sont plutôt positifs. Les spectateurs semblent s’être tournés vers elles depuis le confinement, à l’instar de la plateforme gratuite Auvio de la RTBF. Je terminerai mon propos par la campagne de promotion «Le cinéma belge à la maison», orchestrée par le CCA. Cette campagne a été lancée exactement une semaine après le début du confinement. Le site internet www.lecinemabelgealamaison.be renvoie vers les différentes plateformes nationales. Celles-ci diffusent des films belges qui n’étaient pas encore sortis sur les écrans ou dont l’exploitation en salle a été stoppée par le confinement. Le site a été accompagné d’une campagne publicitaire en radio, en presse écrite, ainsi que sur Facebook et Instagram. La RTBF s’est également jointe à l’opération en consolidant son offre de films belges, en linéaire et sur Auvio. Les résultats de la campagne sont positifs à plus d’un titre. On peut notamment souligner les belles performances des films belges, particulièrement les comédies, en regard des autres films sur les plateformes correspondantes. À l’heure actuelle, le CCA travaille à une campagne en vue de la réouverture des cinémas, au profit des films belges et des films d’art et d’essai dans leur ensemble.
Merci à Madame la Ministre pour la qualité de ses réponses. J’espère que dans un futur proche les salles de cinéma puissent rouvrir. Personnellement cette ambiance me manque, car j’adore aller au cinéma. Je trouve cela bien plus gai que de regarder un film sur une plateforme même si, comme tout le monde, il m’arrive de passer des soirées à «bingewatcher» des séries.