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Un manque criant de bornes de recharge pour les voitures électriques en Wallonie.

21 novembre 2016

 Alors qu’en Flandre les objectifs sont de 7400 bornes de recharge et 60.000 véhicules électriques d’ici à 2020, en Wallonie nous sommes malheureusement à la traine. 

Un manque d’ambition du Gouvernement wallon (PS-CDH) qui fait, qu’une fois de plus, la Wallonie carbure à l’inertie. 

Retrouvez ci-dessous mon intervention à ce sujet. 

M. Maroy (MR). – Monsieur le Ministre, une récente étude menée par un cabinet de conseils en management et stratégie opérationnelle estime qu’il faudrait 11 550 bornes de rechargement d’ici à 2020 pour obtenir 2 % de voitures électriques dans le parc belge.

Elle démontre également une corrélation claire – c’est ce qui est intéressant – entre les infrastructures de rechargement et la pénétration des voitures électriques dans les pays européens. Si 80 % des rechargements s’effectuent au domicile, les bornes restent toutefois nécessaires pour les trajets longues distances et pour ceux qui ne disposent pas de la possibilité de recharger les voitures chez eux.

Cette même étude cite la Norvège et les Pays-Bas, deux pays qui ont fortement encouragé les véhicules électriques. Je sais que vous êtes sensible à cette problématique ; la preuve, vous roulez vous-même en voiture électrique.

Le développement des voitures électriques est une nécessité et marque la possibilité d’un pas en avant pour notre environnement. En juin 2016, vous répondiez à une question qu’il existait 164 points de rechargement accessibles au public.

Dans ce domaine, où se situe notre Région par rapport au reste du pays et par rapport aux pays voisins ? Vous avez décidé de soutenir le marché « par une démarche exemplaire des pouvoirs publics », ce sont les termes utilisés. Concrètement, cependant, il n’existe aucune aide particulière, ni pour installer des bornes, ni pour acquérir des véhicules électriques, exception faite des incitants pour les pouvoirs locaux.

Pensez-vous que, malgré un soutien inexistant de la Région, l’objectif de 11 550 bornes est atteignable pour 2020 ? Comment se traduit concrètement cette « exemplarité » des pouvoirs publics ? Sera-t-elle suffisante selon vous ? En un mot, souhaitez-vous que cette filière se développe ou non ?

M. Di Antonio, Ministre de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire, de la Mobilité et des Transports et du Bien-être animal. – Monsieur le Député, il n’est pas facile de faire un benchmark de la Wallonie vis-à-vis des pays/régions limitrophes quant au déploiement des infrastructures de recharge électrique, puisque chacun est en train de déposer sa planification auprès de la Commission européenne conformément à la directive.

Ce sera un peu plus facile de faire ces comparaisons d’ici quelques mois, lorsque tous les éléments auront été déposés auprès de la commission. Dès lors, aujourd’hui, il apparaît beaucoup d’intentions, mais peu de chiffres. De plus, les stratégies peuvent différer selon la topographie, les industriels ou les parties prenantes actifs sur le terrain, les conditions socioéconomiques de développement dans chacune des zones géographiques concernées.

Dans les scénarios wallons étudiés, en comptant uniquement les développements issus du secteur, nous devrions atteindre les 700 points de rechargement publics au sens de ladite directive. Vous pouvez voir l’évolution par rapport aux chiffres que j’avais cités précédemment. Ici, on s’approcherait des 700 points en respectant les instructions de la directive pour les répertorier. Chaque point de rechargement peut compter plusieurs bornes. Pour en estimer le nombre, il faudra ajouter les bornes privées, qui ne font pas l’objet de recensement dans le cadre de cette directive.

Toute démarche supplémentaire du Gouvernement wallon sera positive pour ce déploiement. J’ai l’impression, en étant un utilisateur au quotidien, que c’est en train de changer très vite par des initiatives qui ne sont pas le fait du tout du Gouvernement wallon ou d’un pouvoir public en général. On voit apparaître un peu partout ces bornes électriques ; ce sont les secteurs eux-mêmes qui les installent. Il ne se passe pas une semaine sans que l’on ait une annonce de l’installation d’une borne de rechargement. J’étais dans une petite commune il y a quelques semaines, où j’ai appris que sur la place du village, deux places sont réservées avec du rechargement rapide pour les véhicules électriques dont j’ai pu profiter.

Le secteur est en train de s’organiser efficacement, d’autant plus que la plupart des marques de véhicules prévoient, en dehors des classiques et des pionniers, l’arrivée de modèles électriques de manière de plus en plus importante. Je ne suis pas très inquiet. La situation est sans doute encore un peu difficile aujourd’hui, mais on a l’impression que chaque semaine ou chaque mois qui passe nous rapproche d’une couverture du réseau qui soit plus efficace.

M. Maroy (MR). – Je ne partage pas tout à fait l’enthousiasme du ministre. Il y a des choses exactes et effectivement le nombre de bornes – c’est heureux – est en train d’augmenter, mais c’est le fait d’initiatives privées.

Sur les huit premiers mois de cette année, le taux de CO2 moyen des voitures neuves, en Belgique, atteignait 116,5 grammes par kilomètre, alors qu’une directive européenne contraint les pays à atteindre 95 grammes par kilomètre d’ici 2020. Si l’on veut arriver à ce niveau, vous conviendrez qu’il faut une stratégie pour intégrer dans la flotte davantage de véhicules à proposition alternative, les électriques ou d’autres modes comme le CNG.

Je constate – même si vous dites qu’il y a beaucoup d’intentions dans les pays européens, mais peu de chiffres – qu’il y a au moins des intentions.

La Flandre est bien plus volontariste en la matière et elle a fixé des objectifs : 60 000 véhicules électriques d’ici 2020. Elle a pris des mesures pour y arriver, notamment avec une fiscalité en matière de taxation automobile incitative puisque l’on bénéficie concrètement d’abattement sur la taxe. La Flandre a également pris des mesures en ce qui concerne les points de recharge avec un objectif de 7 400 bornes.

Pour l’instant en Wallonie, on est aux alentours de 200 et votre objectif est d’arriver à 700 points. Compter sur le privé est une bonne chose – un libéral ne va pas dire le contraire –, mais l’on attend de votre part que vous fixiez une ambition, un cadre.

Vous roulez en véhicule électrique, ce qui est très bien, mais il faut aller plus loin. Ce n’est pas dans votre chef que cela coince, vous le reconnaissiez récemment dans une réponse à une question écrite et vous disiez : « Quant à l’exemplarité des pouvoirs publics, je m’attache encore et toujours à convaincre certains collègues d’avoir de l’ambition à ce sujet ». Il serait temps de les pousser un peu, car, pour l’instant, la Wallonie carbure à l’inertie : ce qui est bien dommage.

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