Le radon, ce tueur silencieux.
20 octobre 2016
Le radon est un ennemi redoutable, un tueur silencieux. Chaque année il provoque autant de décès que ceux enregistrés sur la route. Ce gaz est présent dans les sous-sols wallons mais trop peu d’analyses sont effectuées dans les maisons pour le détecter. J’ai plaidé auprès du Ministre de l’environnement pour que des campagnes de sensibilisation soient menées dans les zones à risques.
Découvrez ci-dessous mon intervention en intégralité.
M. Maroy (MR). – C’est un ennemi redoutable, incolore, inodore et insipide. Monsieur le Ministre, le radon est un gaz radioactif qui provoque chaque année un nombre de décès équivalent à ceux enregistrés sur la route.
Présent dans une bonne partie du sous-sol wallon, il peut s’infiltrer dans les habitations, mais aussi dans les bâtiments publics. En cas de surexposition dans des pièces mal ventilées, il s’attaque sournoisement aux poumons. Il serait ainsi responsable de 7 % des cas de cancers pulmonaires en Belgique.
Après le tabac, le radon est la deuxième cause du cancer du poumon. C’est évidemment assez effrayant, pourtant on en parle peu, ou en tout cas pas assez.
L’Organisation mondiale de la santé a pris de nouvelles mesures. Dès 2018, le niveau d’intervention des autorités sanitaires sera abaissé, il passera de 400 becquerels par mètre cube à 300, avec un niveau d’avertissement qui sera fixé dès 100 becquerels par mètre cube. Cette diminution du seuil d’intervention va entraîner l’augmentation du nombre d’habitations où des mesures d’assainissement seront nécessaires.
Le souci, Monsieur le Ministre, c’est qu’en Wallonie 99 % des habitations potentiellement exposées n’ont toujours pas été analysées. On sait pourtant où se situent les zones à risque, principalement au sud du sillon Sambre et Meuse, dans les arrondissements de Verviers, Bastogne, Neufchâteau, Dinant et Marche. Mais pas seulement. Certaines communes du Hainaut et du Brabant wallon sont également particulièrement concernées.
Une action Radon a été organisée récemment par l’Agence fédérale du contrôle nucléaire, par la Cellule régionale d’intervention en pollution intérieure de Bruxelles Environnement, ainsi que par les cinq provinces wallonnes. Pouvez-vous nous donner un feed-back sur cette action ? Comment a-t-elle fonctionné ? Combien de maisons ont-elles été contrôlées ?
Plus généralement, pourquoi 99 % des maisons potentiellement exposées n’ont-elles toujours pas été contrôlées ? Quelle est la procédure de contrôle ? Quelles actions de prévention comptez-vous développer ou initier ? Comment la Wallonie se prépare-t-elle à la décision de l’OMS au sujet de la baisse du niveau d’intervention des autorités sanitaires ?
M. Di Antonio, Ministre de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire, de la Mobilité et des Transports et du Bien-être animal. – Monsieur le Député, les constatations épidémiologiques récentes démontrent une augmentation statistique du risque de cancer du poumon résultant d’une exposition prolongée au radon à l’intérieur de bâtiments qui atteint des niveaux de l’ordre de 100 becquerels par mètre cube.
Ces études expliquent que la directive européenne ait été révisée. La directive diminue désormais le niveau de référence de la concentration de radon de 400 becquerels par mètre cube à 300. Cette nouvelle norme de 300 becquerels par mètre cube va s’imposer à toute nouvelle construction à partir du 1er février 2018. Suite à cet abaissement, le nombre de communes à risque a effectivement augmenté en Wallonie.
Les communes nouvellement visées seront informées sans pour autant que ne soient généralisés les contrôles. Durant l’hiver 2015-2016, l’Agence fédérale du contrôle nucléaire, la Cellule régionale d’intervention en pollution intérieure de Bruxelles Environnement et les cinq provinces wallonnes, via leurs services d’analyse des milieux intérieurs, ont lancé une action Radon. Les résultats détaillés n’ont pas encore été communiqués à l’administration.
Pour ce qui concerne la Région wallonne, 3 908 analyses ont été effectuées pour la saison 2015-2016. Les résultats ont permis de définir les zones à risques. La Région wallonne a rejoint l’initiative de l’action Radon le 1er octobre 2016. Les résultats de l’action devraient être connus au cours de l’été 2017. Cette action prévoit de proposer des détecteurs de radon individuels pour un prix réduit. Le coût du détecteur pour le demandeur et l’aide éventuelle à la remédiation est de 20 euros au lieu de 30 euros pendant la campagne.
L’Agence fédérale de contrôle nucléaire prend en charge l’organisation et supporte l’aide financière. Ces détecteurs constituent la procédure de contrôle du radon dans les habitations. II s’agit d’un boîtier à installer dans la pièce de vie principale de l’habitation. Il détecte le niveau de radon en fonction de l’énergie émise lors de sa désintégration. Ces détecteurs doivent rester en place pendant 3 mois et être ensuite envoyés à un laboratoire agréé pour analyse.
Au niveau wallon, il s’agit du Laboratoire de pollution intérieure situé dans le Hainaut. L’action Radon contribue par elle-même, au travers de la sensibilisation de la population, à augmenter le nombre d’analyses et ainsi à identifier un plus grand nombre d’habitations dans lesquelles des travaux de remédiation doivent être entrepris. Le taux de détection du radon devrait s’en trouver amélioré.
Par ailleurs, le plan d’action régional 2013-2016 impliquant notamment divers services de la Région va devoir faire l’objet d’une mise à jour suite à la modification européenne. Le 7 septembre dernier, j’ai chargé la CPES, la cellule permanente EnvironnementSanté, qui a été désignée comme « point focal radon » au sein du Service public de Wallonie, de me faire parvenir des propositions de révision. À ce jour, une des actions de ce plan prévoit des aides à la remédiation des logements présentant un taux élevé de radon.
L’intervention financière ne porte que sur la partie excédant 1 000 euros. Dans les faits, peu de demandes sont introduites. II s’agit, dans la plupart des cas, de travaux particulièrement légers. Ces travaux consistent à colmater les sources de radon émanant du sol : trous, fissures, et cetera.
À cet égard, il faut insister sur le fait que, bien souvent, une amélioration de la ventilation du bâtiment suffit à diluer significativement le taux de radon présent, et, de ce fait, à réduire le risque sanitaire. Voilà ce que je peux vous dire sur cette problématique, mais qui, effectivement, est assez impressionnante quand on lit les chiffres et les conséquences.
C’est en termes de cancer du poumon, une source fréquente. La carte de Wallonie montre une forte disparité à travers le territoire. Il y a quelques taches très fortes de présence qui vont dépasser les 300 becquerels, ce qui est la nouvelle norme.
M. Maroy (MR). – Je remercie le ministre pour sa réponse. Globalement, je partage son souci. J’avoue que je ne m’étais jamais intéressé au radon. Quand j’ai découvert cette problématique il y a peu – même si j’en avais vaguement entendu parler, mais je ne m’y étais vraiment pas intéressé de manière précise – cela fait peur de découvrir que ce gaz peut être particulièrement dangereux.
Je pense que cela doit vraiment être une priorité et je vois que toute une série d’actions sont mises en place. Je m’en réjouis. Je pense que ce qu’il manque surtout, Monsieur le Ministre, c’est une information du public, et que peut- être, à ce niveau-là, en tant que ministre de l’Environnement, une campagne de sensibilisation, peut- être ciblée sur les communes concernées – parce qu’on les connaît, on sait quelles sont les communes les plus exposées – serait la bienvenue parce que je pense qu’il faut faire de cette problématique une priorité.